https://echangesetmouvement.fr/ Tue, 28 Nov 2023 00:56:55 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.4.4 https://echangesetmouvement.fr/wp-content/uploads/sites/89/2023/11/cropped-echanges-et-mouvement-icon-32x32.png https://echangesetmouvement.fr/ 32 32 Lutte des classes et casino : rien ne va plus pour les riches casinos de Vegas https://echangesetmouvement.fr/2023/11/19/lutte-des-classes-et-casino-rien-ne-va-plus-pour-les-riches-casinos-de-vegas/ https://echangesetmouvement.fr/2023/11/19/lutte-des-classes-et-casino-rien-ne-va-plus-pour-les-riches-casinos-de-vegas/#respond Sun, 19 Nov 2023 08:21:49 +0000 https://echangesetmouvement.fr/?p=16 Surnommée « Sin City » ou la ville du péché, Las Vegas est mondialement connue pour ses casinos somptueux et son ambiance de fête perpétuelle. Toutefois, derrière le strass et les paillettes se cache une réalité moins reluisante, marquée par des tensions sociales croissantes. Sous le strass et les tours de roulette, la lutte des classes s’intensifie, …

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Surnommée « Sin City » ou la ville du péché, Las Vegas est mondialement connue pour ses casinos somptueux et son ambiance de fête perpétuelle. Toutefois, derrière le strass et les paillettes se cache une réalité moins reluisante, marquée par des tensions sociales croissantes. Sous le strass et les tours de roulette, la lutte des classes s’intensifie, particulièrement dans l’industrie du jeu, et, de plus en plus, les employés des casinos revendiquent des conditions de travail et des salaires plus équitables.

Cet article explore notamment les récentes grèves qui ont secoué les établissements de jeux les plus emblématiques de Vegas. Nous en profiterons pour passer en revue les chiffres d’affaires mirobolants de cette industrie ludique dans la ville.

La grève dans les casinos de Sin City

Contre toute attente, plus de 50 000 employés des casinos de Las Vegas ont récemment voté en faveur d’une grève pour revendiquer de meilleures conditions de travail, des salaires plus élevés et une réduction du temps de travail. Leur mouvement s’inscrit sous le slogan « One Job Should Be Enough », dont la traduction donne « Un seul emploi devrait suffire », comprenez pour « vivre ». Autrement dit, les travailleurs expriment leur désir légitime de pouvoir subvenir à leurs besoins avec un seul emploi, mieux rémunéré.

Ainsi, on a vu des témoins divers dans la presse outre-Atlantique, confirmer leur difficulté à concilier travail et vie familiale dans les conditions actuelles. C’est notamment, le cas de María, femme de chambre au casino Bellagio, Harassée par la surcharge de travail exacerbée depuis la pandémie, elle aspire à une vie où un seul emploi permettrait de vivre décemment pour pouvoir passer un peu de temps avec sa famille. Comme elle, 60 000 employés, majoritairement des femmes, membres des syndicats de la restauration et des barmans, sont à présent déterminés à obtenir une convention collective plus favorable.

Des revendications légitimes au sein d’une industrie du jeu hautement profitable

La situation a désormais atteint un stade crucial. La grève a, en effet, été approuvée par 95 % des votants, donnant aux syndicats le droit légal de déclencher une grève. Les employés des établissements de jeux revendiquent une nouvelle convention de cinq ans avec des améliorations salariales, une réduction du temps de travail et de meilleures conditions générales. Actuellement, les négociations se poursuivent avec plusieurs grandes chaînes de casinos à Las Vegas, notamment MGM Resorts, Caesars Palace et Wynn Resorts.

Cette mobilisation des travailleurs des casinos intervient dans un contexte plus large de luttes ouvrières aux États-Unis. Elle illustre la volonté des salariés à obtenir une part plus équitable des bénéfices générés par les entreprises, notamment dans une industrie aussi lucrative que celle des casinos. On le comprend un peu mieux quand on sait que MGM Resorts a enregistré à elle seule 1,47 milliard de dollars de bénéfices en 2022. Sous ses dehors d’événement isolé, ne nous y trompons pas : cette grève pourrait marquer un tournant dans la lutte pour des salaires plus justes et une meilleure qualité de vie au travail aux États-Unis.

Un aperçu des casinos de Vegas, leurs jeux, leur volume d’affaires

Nous plongeons un peu ici dans l’univers des casinos de Las Vegas, où l’éclat des néons et le cliquetis des jetons se mêlent pour créer un monde de paillettes et de promesse qui attire des millions de joueurs à l’année. Nous y découvrirons comment ces temples du divertissement génèrent des chiffres d’affaires colossaux.

Quelques chiffres

Dans le Nevada, 2022 a été une période faste pour l’industrie des casinos, avec des revenus atteignant des sommets historiques. Les casinos de l’État ont, en effet, généré 14,8 milliards de dollars en revenus de jeu, surpassant le record précédent de 13,4 milliards établi en 2021. Cette hausse représente une augmentation de 10,5 % par rapport à l’année précédente. Le Strip de Las Vegas a particulièrement brillé, contribuant à hauteur de 8,28 milliards de dollars, en hausse de 17 % par rapport à 2021.

Après la récession due à la pandémie, la reprise économique a été marquée par 22 mois consécutifs de revenus mensuels supérieurs à 1 milliard de dollars. Michael Lawton, analyste économique senior au Nevada Gaming Control Board, attribue ce succès à une demande constante pour les jeux d’argent et à une forte fréquentation touristique, malgré l’inflation et les craintes de récession. Rien ne semble arrêter les joueurs attirés par les lumières de Las Vegas.

Les machines à sous ont été particulièrement lucratives, générant 10 milliards de dollars, soit 67,4 % des gains totaux. Les paris sportifs ont également enregistré des revenus record. Cependant, selon Fitch Ratings, une baisse de 10 % des revenus est anticipée pour 2023, en raison du ralentissement économique global. Bien que des signes de reprise soient observés dans les segments des voyages d’affaires et des conventions, une baisse est attendue avant un retour à la croissance modeste en 2024.

Quelques casinos de Las Vegas

Pour prolonger un peu ce voyage au cœur des jeux d’argent, découvrons quelques-uns des casinos les plus emblématiques de Las Vegas. Dans ces temples du divertissement et du jeu, tout est pensé et posément réfléchi pour retenir le joueur. En forte concurrence les uns avec les autres, les casinotiers se font fort d’offrir à leurs visiteurs une expérience unique, mélangeant luxe, frissons du jeu et spectacles d’envergure.

Bellagio Las Vegas

Le Bellagio Las Vegas est une destination prisée des amateurs de poker. Cet hôtel-casino, distingué par 5 diamants par l’American Automobile Association, offre une expérience de jeu foisonnante avec environ ses 40 tables de poker et ses 2 300 machines à sous dans un cadre vibrant et démesuré. La Bobby’s Room, célèbre pour attirer des célébrités et des joueurs professionnels, est une attraction phare du casino. Il faut dire que les stars ont souvent été les meilleurs arguments marketing pour ces établissements de jeu.

Au-delà du jeu, le Bellagio propose une large variété d’activités. Les visiteurs peuvent se détendre dans l’Orangerie, admirer les jardins botaniques luxuriants ou se laisser captiver par les fontaines dansantes et leur spectacle de lumières. Pour les divertissements, l’établissement offre des spectacles en direct et cinq piscines extérieures. Bref une débauche de luxe et un véritable monde à part.

Situé au cœur du Strip de Las Vegas, face à un vaste lac, le Bellagio est facilement accessible. Il est stratégiquement posé à 3,2 kilomètres de l’aéroport international McCarran, avec des options de transport telles que le monorail, les bus publics et les navettes, facilitant l’arrivée des visiteurs et des joueurs.

MGM Grand Las Vegas

Le MGM Grand Las Vegas, célèbre pour son imposante statue de lion en bronze et sa couleur émeraude distinctive, est un autre choix de prédilection pour les joueurs débutants de passage à Las Vegas. Sur une superficie de 16 000 mètres carrés, c’est le plus grand casino du comté de Clark et il ouvre ses portes à tout touriste en quête d’une expérience de jeu sans limite autre que son propre budget.

Sur place, la salle Level Up propose une quantité de jeux vertigineuse. On pourra citer le beer-pong, le billard et des machines à sous thématiques, et tout un tas de divertissement spécialement conçus pour ceux qui souhaitent s’initier aux jeux d’argent dans une ambiance décontractée. Le casino dispose également d’une salle de poker où les mises débutent à moins d’un euro. Les visiteurs les plus aficionados peuvent même y bénéficier de réductions en devenant membres VIP. Un privilège dans le privilège en quelque sorte.

En dehors du jeu, le MGM Grand offre une cohorte de divertissements, incluant 16 restaurants, un grand spa, une arena et un centre de convention. A Vegas chaque casino est un monde en soi dans lequel le nouveau venu se perd plus facilement que dans un IKEA. Situé à l’extrémité sud du Strip, en face de l’hôtel Tropicana, il est facilement accessible depuis l’aéroport de Las Vegas via divers moyens de transport, y compris le bus et le monorail.

Stratosphere Casino, Hotel & Tower

Le Stratosphere Casino, Hotel & Tower, plus connu sous le nom de STRAT Las Vegas, offre une autre expérience de jeu unique dans la ville. Cet établissement est célèbre pour sa Stratosphere Tower, qui offre une vue imprenable sur Las Vegas. On y monte pour la vue et pour le grand frisson de la hauteur.

La salle de jeux et le casino de cet établissement s’étend sur plus de 7500 mètres carrés et décoré dans des tons bleus et gris élégants. Il propose une sélection de 750 machines à sous et 44 tables de jeux, incluant craps, poker, blackjack, baccarat et roulette. Les visiteurs peuvent tenter leur chance aux machines à sous dès un centime, marquant la volonté de l’établissement de rendre l’expérience accessible au plus grand nombre. Pour les amateurs de sport et de paris, le casino dispose aussi d’un bar sportif William Hill, parfait pour se retrouver entre fans. De plus, le restaurant de luxe situé au sommet de la tour offre une expérience gastronomique mémorable avec une vue panoramique sur la ville.

Le STRAT se situe sur South Las Vegas Boulevard, facilement accessible en bus public, avec les stations les plus proches sur la ligne Deuce à Nb Las Vegas at the Strat ou à Wb Aahara after Paradise sur la ligne CX. La station de monorail Sahara est également à proximité. Quand il s’agit de trouver un casino à Vegas, on ne risque pas de passer à côté.

Ce ne sont là que quelques exemples des établissements de jeux les plus en vue de Las Vegas. Devant tant de luxe, on comprend que la lutte des classes y soit bien vivante. De l’entretien, à l’accueil, l’animation ou la maintenance, il faut, en effet, des milliers d’ouvriers pour que ce monde continue de fonctionner à plein. Bien entendu, certains de ces hôtels ont aussi développé des casinos en lignes. Moins coûteux en ressources humaines, ils restent toutefois marginaux sur place Pour celui qui se rend à Vegas, l’expérience du casino traditionnel continue de primer sur le casino en ligne et les jeux virtuels.

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Avec des chiffres d’affaires vertigineux, le monde des jeux vidéo est un secteur culturel de plus en plus influent qui touche principalement un jeune public. Si l’on a pu souvent souligner leur danger en terme de violence ou d’addiction, d’autres aspects plus idéologiques sont souvent passés à la trappe. Au-delà de l’aspect ludique pur, ces jeux recèlent souvent des messages plus profonds, notamment des éléments de propagande impérialiste. Cet article explore comment des jeux populaires contribuent, volontairement ou non, à diffuser des idéologies pro-capitalistes et impérialistes.

Le rôle de l’industrie du jeu vidéo dans la diffusion de la propagande impérialiste

Le rôle de l’industrie du jeu vidéo dans la diffusion de la propagande impérialiste est à la fois complexe et significatif. Avec un marché global générant des milliards, ces jeux touchent principalement un jeune public, façonnant inconsciemment leurs perceptions du monde. Des titres comme « Call of Duty Modern Warfare 2 » et « Call of Duty Black Ops » incarnent particulièrement ce phénomène.

Ces jeux, souvent situés dans des contextes géopolitiques tendus, représentent pratiquement systématiquement des « ennemis » issus de nations russes, arabes ou des figures communistes, dans une narration simplifiée. A l’image de l’habituel soft power américain, cette approche propage peu subtilement une idéologie pro-impérialiste, dépeignant les interventions américaines et occidentales comme étant moralement justes et nécessaires.

Les combattants de la liberté contre le mal ? L’oncle Sam et ses relais idéologique nous ont déjà joué cela des milliers de fois mais des esprits peu alertes peuvent encore tomber dans le panneau à pieds joints. En insérant des éléments de réalité historique et contemporaine, ces jeux renforcent des stéréotypes et soutiennent une vision du monde alignée sur les intérêts impérialistes, contribuant ainsi à la propagation d’une certaine forme de propagande , voire de néocolonialisme, auprès de leur vaste audience.

L’influence psychologique et culturelle sur les joueurs

L’influence psychologique et culturelle des jeux vidéo sur les joueurs est profonde, en particulier chez les jeunes. En incarnant des personnages dans des scénarios de guerre ou de conflit géopolitique, les joueurs s’immergent dans des récits qui peuvent façonner leur perception du monde sans doute plus encore que favoriser leur propension réelle à la violence.

Russes, arabes, latinos, ou dit autrement criminels, terroristes, ou narco trafiquants, certains jeux plongent les joueurs dans des environnements où les « ennemis » sont souvent des stéréotypes de nations ou de groupes spécifiques. Cette interaction active, contrairement à la passivité des médias traditionnels comme le cinéma ou la littérature, crée une immersion plus intense. Elle peut renforcer des préjugés et des visions manichéennes du bien et du mal, influençant ainsi la manière dont les joueurs voient les conflits réels et les politiques internationales.

Le Soft power au service des mondes ludiques, nourri et propagé par eux… De plus, en récompensant les actions violentes, ces jeux peuvent aussi subtilement normaliser l’agressivité et la confrontation comme des moyens acceptables de résoudre les conflits, impactant ainsi la culture et les attitudes des joueurs dans la vie réelle.

La critique du capitalisme dans les jeux vidéo : un double tranchant

Quelquefois et plus insidieusement, la critique du capitalisme dans les jeux vidéo est un double tranchant. Quand on la trouve traitée, elle prétend refléter à la fois une tentative de remise en question et les limites imposées par le système même qu’ils cherchent à critiquer. Des jeux comme « Cyberpunk 2077 » et « Grand Theft Auto V » abordent des thèmes anticapitalistes, mais souvent de manière caricaturale et exagérée, perdant ainsi en nuance et crédibilité.

Au final, ces représentations tendent à simplifier la complexité des enjeux économiques et sociaux, se limitant à des stéréotypes de barons capitalistes et de sociétés dystopiques. Ironiquement, ces jeux sont eux-mêmes produits et commercialisés dans un cadre capitaliste, soulevant des questions sur l’authenticité et l’efficacité de leur critique. On remarquera que les jeux proposant des univers dystopiques ou orientés survie reprenne souvent cette caractéristique du héros individualiste qui doit se battre pour continuer de consommer et acquérir toujours plus de confort, d’armes, d’options, etc…

Cette dynamique suggère que, pour une analyse plus fine et réaliste du capitalisme, il est souvent nécessaire de se tourner vers des jeux indépendants, où la créativité n’est pas entravée par les contraintes commerciales du marché de masse. Il faut aussi comprendre qu’un formatage s’est déjà opéré dans les critères de consommation de ce qu’est « un bon jeu ». La créativité est donc plus que jamais nécessaire pour penser ce loisir autrement.

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Fiche de lecture : Michel Clouscard le capitalisme de la séduction et la société capitalistique du loisir https://echangesetmouvement.fr/2023/11/19/fiche-de-lecture-michel-clouscard-le-capitalisme-de-la-seduction-et-la-societe-capitalistique-du-loisir/ https://echangesetmouvement.fr/2023/11/19/fiche-de-lecture-michel-clouscard-le-capitalisme-de-la-seduction-et-la-societe-capitalistique-du-loisir/#respond Sun, 19 Nov 2023 07:57:29 +0000 https://echangesetmouvement.fr/?p=12 Dans l’ouvrage « Le Capitalisme de la Séduction », Michel Clouscard présentait une critique incisive de la société capitaliste avec un angle original. Le célébre philosophe et sociologue français avait en effet choisi l’analyse du prisme de la culture de consommation et de la séduction. Cet article entend revenir sur les principaux thèmes abordés par Clouscard, analysant …

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Dans l’ouvrage « Le Capitalisme de la Séduction », Michel Clouscard présentait une critique incisive de la société capitaliste avec un angle original. Le célébre philosophe et sociologue français avait en effet choisi l’analyse du prisme de la culture de consommation et de la séduction. Cet article entend revenir sur les principaux thèmes abordés par Clouscard, analysant sa vision de la transformation de la société sous l’influence du capitalisme.

Le concept de séduction dans le capitalisme

Dans cet ouvrage majeur sorti en 1981, Clouscard affirme que le capitalisme a évolué pour intégrer la séduction comme un outil clé, transformant ainsi les modes de consommation et les comportements sociaux. Dans une perspective historique, il décrit comment, après la Seconde Guerre mondiale, notamment avec le Plan Marshall, la société française a été influencée par de nouveaux modèles de consommation permissive qui l’ont transformée en profondeur. Cette séduction capitaliste, selon l’auteur, est devenue un moyen stratégique de contrôler et de modeler la société, en encourageant un comportement centré sur le plaisir et la consommation plutôt que sur la production et le mérite.

La société capitalistique et ses niveaux d’initiation

Pour mener à bien ses conclusions, Michel Clouscard explore les niveaux d’initiation au sein de la société capitaliste, mettant en lumière la manière dont les individus sont progressivement intégrés dans ce système. Selon lui, ce processus débute dès l’enfance, où les enfants sont introduits à des produits et à un comportement ludique.

À l’adolescence, il évolue vers une utilisation libidinale des produits, marquant une transition vers le plaisir et la permissivité. Enfin, à l’âge adulte, les individus s’intègrent pleinement dans le système capitaliste, adoptant un mode de vie centré sur la consommation excessive, sans même se soucier des effets de cette consommation sur l’environnement et sur autrui. Ces étapes, soutient l’auteur, façonnent les individus en consommateurs idéaux, alignés sur les valeurs et les normes du capitalisme.

Une vidéo introductive sur le capitalisme de la séduction de Michel Clouscard

Critique de la social-démocratie libertaire

Dans « Le Capitalisme de la Séduction » Michel Clouscard formule aussi une critique cinglante de ce qu’il nomme la « social-démocratie libertaire ». Selon lui, ce système dont les événements étudiants de 1968 ont fait leur leitmotiv promeut un individualisme exacerbé et une permissivité culturelle qui s’éloignent des valeurs collectives et de l’éthique du travail. Sous couvert de revendication de liberté et d’absolu, cette tendance associée à Mai 68, sont à l’origine d’une culture qui valorise excessivement la jouissance et la consommation. Un peu plus de 10 ans après les événements, Clouscard affirme déjà que cette évolution marque une rupture avec les idéaux de solidarité et de discipline, traditionnellement associés à la gauche.

Clouscard soutient que cette social-démocratie libertaire sert les intérêts du capitalisme en détournant l’attention des masses des questions de justice sociale et de lutte des classes vers des préoccupations individuelles et matérialistes. En cela, elle contribue, selon lui, à la manipulation des masses par les élites capitalistes, déguisant l’exploitation sous le voile de la liberté individuelle et de la consommation. Cette vision offre un regard critique sur la transformation des sociétés occidentales dans le contexte postmoderne. Le mouvement se poursuivra dans les décennies suivantes et perdurera. C’est pourquoi cet ouvrage reste un ouvrage majeur profondément visionnaire.

Impact sur les classes sociales et la culture

Michel Clouscard analyse également l’impact du capitalisme moderne sur les classes sociales et la culture. Il observe que le capitalisme, par sa nature séductrice, a redéfini la structure des classes, passant d’une distinction basée sur la production à une hiérarchie centrée sur la consommation. Cette transformation a particulièrement touché la jeunesse et les femmes, en les intégrant davantage dans le marché de consommation.

L’auteur note également comment la culture, à travers des moyens comme la musique et le cinéma, a été utilisée pour propager l’idéologie capitaliste. Ces changements ont conduit à une homogénéisation des comportements et des aspirations, renforçant le modèle capitaliste tout en érodant les distinctions de classe traditionnelles et les valeurs culturelles antérieures. La rébellion par le rock, le flipper pour acheter du temps de loisir, la musique mécaniste, les jeans contre les uniformes, la petite révolte bourgeoise de la jeunesse qui se cherche alors des bandes contre l’ordre traditionnel et familial. Il faut relire Michel Clouscard. Aux débuts des années 80, il avait déjà compris beaucoup de choses sur la direction que prenaient nos sociétés soumises à l’économie capitaliste de marché.

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Être de gauche en 2023 https://echangesetmouvement.fr/2023/11/19/etre-de-gauche-en-2023/ https://echangesetmouvement.fr/2023/11/19/etre-de-gauche-en-2023/#respond Sun, 19 Nov 2023 07:50:31 +0000 https://echangesetmouvement.fr/?p=9 Connue pour son paysage politique diversifié, la France a connu des changements majeurs dans les tendances de vote de la classe ouvrière au cours des trente dernières années. Jadis bastion du Parti communiste français (PCF), la classe ouvrière se tourne désormais plus résolument vers des partis traditionnellement associés à l’extrême droite qu’elle considère sans doute …

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Connue pour son paysage politique diversifié, la France a connu des changements majeurs dans les tendances de vote de la classe ouvrière au cours des trente dernières années. Jadis bastion du Parti communiste français (PCF), la classe ouvrière se tourne désormais plus résolument vers des partis traditionnellement associés à l’extrême droite qu’elle considère sans doute plus apte à défendre ses intérêts. Cette transformation soulève des questions fondamentales sur l’évolution socio-politique en France et sur les définitions associées à la gauche. Cet article explore cette mutation et tente de fournir quelques clés pour comprendre les dynamiques sous-jacentes de ce changement.

L’hégémonie du PCF et le déclin progressif

Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, le PCF a émergé comme une force politique majeure en se présentant comme le champion de la classe ouvrière. Ce parti a joui d’un large soutien populaire, notamment grâce à son rôle pendant la Résistance et son alignement avec les idéaux marxistes.

Cependant, le paysage politique a commencé à changer dans les années 1970. Des facteurs multiples, tels que l’intervention soviétique dans divers pays, les mutations sociétales post-68, et l’émergence d’une classe moyenne plus importante, ont contribué au déclin progressif du PCF. Une fraction des classes moyennes s’est aussi recentrée en choisissant le rose du PS plutôt que le rouge des origines.

L’ascension de l’extrême droite et le changement de paradigme

Dans la deuxième partie des années 80, l’extrême droite, incarnée par le Front National (FN) rebaptisé plus tard le Rassemblement National (RN), a connu une ascension remarquable. Initialement marginalisée, cette tendance politique a gagné du terrain, en particulier parmi les électeurs moins diplômés et les ouvriers. Selon l’analyste Jerome Fourquet, l’écart entre les diplômés et les moins diplômés dans le vote d’extrême droite s’est considérablement creusé, passant de 7 points en 1988 à 23 points en 2017. En 2022, près de la moitié des ouvriers avaient l’intention de voter pour le RN, un changement plutôt radical par rapport aux décennies précédentes.

Plusieurs facteurs ont influencé cette transition. La désindustrialisation, le sentiment de relégation sociale, et un ressentiment croissant envers les élites ont poussé une partie significative de la classe ouvrière vers l’extrême droite. Les masques sont aussi tombés du côté du PS et la mondialisation, comme les pressions européennes ont montré à l’ouvrier français qu’il n’était plus nécessairement protégé par une certaine gauche. Le FN/RN a capitalisé sur ces sentiments, offrant un discours qui résonne avec les préoccupations des ouvriers face à un monde en mutation rapide. Parallèlement, le PCF a perdu sa résonance avec sa base traditionnelle, ne parvenant pas à s’adapter aux nouvelles réalités socio-économiques et culturelles.

Au début des années 1990, la chute du mur de Berlin, comme celle de l’URSS ont aussi donné lieu à une exécution en règle des préceptes marxistes par le système. En ringardisant en quelque sorte le communisme comme la lutte des classes, le capitalisme s’est déclaré vainqueur avec guère d’opposition en face pour le contrer. A quarante de là, force est de constater que toutes ces grandes déclarations de principe n’ont rien changer, quelles que soient le nombre de (fausses) couches sociétales que l’on essaye d’intercaler entre les hommes et leur réalité sociale.

La gauche française divisée : le cas des présidentielles 2022

Lors des élections présidentielles françaises de 2022, la gauche a fait face à une division marquée, illustrée par la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Bien qu’il ait gagné en popularité, passant de 10 à 16 % des intentions de vote, Mélenchon a dû naviguer dans un environnement politique fragmenté. D’autres candidats de gauche, tels que Jadot et Hidalgo, ont été critiqués pour leur positionnement plus proche de Macron et pour leur contribution involontaire à la division de la gauche, au profit de Marine Le Pen. Le centre mou et absorbant séduit les carriéristes de tous bords et fausse le jeu, c’est désormais avéré. Macron a su en tirer partie.

Cette division s’est étendue au-delà des candidatures principales, affectant la dynamique électorale globale. Les efforts de Mélenchon et ses soutiens de la France Insoumise pour unir la gauche se sont heurtés à des obstacles significatifs, reflétant les défis persistants de cohésion au sein de la gauche française. La personnalité de Mélenchon s’il se veut rassembleur n’y est peut-être pas étrangère même si les données historiques ont changé : difficile de refaire le coup de l’union mitterrandiste à quatre décennies de 81.

La gauche française aujourd’hui

Selon la dixième édition du baromètre Ifop publié lors de la Fête de l’Huma, 43% des Français s’identifient à la gauche en 2023, malgré une légère érosion ces dernières années. Ce baromètre révèle une identité de gauche toujours définie en contraste avec la droite, avec 76% des sympathisants de gauche reconnaissant des différences nettes entre les deux.

L’immigration est un clivage majeur : 53% à gauche voient en elle un avantage pour la France, contre seulement 24% à droite. De même, 67% des sympathisants de gauche soutiennent le droit de vote aux élections municipales pour les étrangers résidant en France depuis plusieurs années, contre 33% à droite. Concernant les violences policières, 69% à gauche les considèrent comme une réalité, contre 41% à droite.

Jean-Luc Mélenchon restait encore le favori des sympathisants de gauche, mais s’est trouvé concurrencé par le communiste Fabien Roussel. Malgré des doutes sur l’avenir de l’alliance NUPES, la majorité des sympathisants de gauche espèrent une coalition pour les élections européennes de 2024. Pourtant l’implosion de la NUPES couve déjà et pour certains au sein de l’alliance, Mélanchon commence à devenir encombrant.

Face au carriérisme et à l’ambition individuelle de chacun, y-a-t-il encore la place pour une union véritable à gauche ? Si oui, peut-être devrait-elle se faire sur d’autres bases qu’électoralistes pour convaincre ? Peut-être les représentants qui se disent de « gauche » devront-ils enfin cesser d’être politiciens, caviar et opportunistes pour renouer avec les racines authentiques d’un vraie gauche ? La question de savoir s’il sera alors possible de ramener la frange ouvrière (partie de longtemps chez les Lepen) reste entière et centrale.

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